Lettre A

__A__

Administration : Les hautes fonctions de l'Etat ont un peu remplacé l'armée dans le coeur de la noblesse française. Prenez la liste des ambassadeurs (attention, beaucoup sont des faux nobles), des énarques, des préfets (c'est moins coté), des membres du Conseil d'Etat. Cas à part : l'ONF comprend une bonne proportion de postes à responsabilité occupés par des nobles, sans doute une compétence ancienne liée à une longue gestion de terres forestières et agricoles...

ANF : C'est l'Association d'Entraide de la Noblesse Française dont beaucoup d'adhérents ont tendance à oublier le noble but, l'entraide au profit de querelles intestines. En 1999, l'ANF a été secouée par une grave crise interne sur le thème : faut-il admettre les enfants de divorcés et les nobles remariés ayant des enfants d'une deuxième union au sein de cette association (trop) bien pensante ? La question n'a pas été tranchée officiellement, mais le président et le bureau de l'ANF, trop "libéraux" pour la majorité ont été mis en minorité et priés de s'en aller, remplacés par des élus plus "traditionnels". L'association y a perdu des adhérents et pas mal d'argent en procédures judiciaires. Elle continue toutefois à verser près d'1 MF par an aux enfants d'adhérents dans le besoin (orphelins, chômeurs, etc.)

Anjou, duc (d') : C'est le titre relevé par Louis de Bourbon, familièrement surnommé Louis XX par ses partisans. Même si la Couronne de France (tombée dans l'oubli depuis tant d'années...) ne paraît pas devoir lui revenir avant quelques décennies (siècles ?), il est en tout cas le seul à pouvoir porter les pleines armes de France (d'azur à trois fleurs de lys d'or), celles de la Maison de Bourbon. Et c'est la justice tout à fait républicaine (tribunal de grande instance de Paris, jugement du 21 décembre 1988) qui l'en a autorisé contre la demande de son "cousin" Orléans (l'actuel comte de Paris) ! Henri d'Orléans, comte de Mortain et les princes Ferdinand de Bourbon-Siciles et Sixte Henri de Bourbon-Parme souhaitaient aussi lui interdire de porter le titre de duc d'Anjou. Las, le jugement a déclaré "Henri d'Orléans irrecevable à agir en défense du titre de duc d'Anjou sur lequel il n'établit pas que lui-même ou sa famille aient des droits. Il doit en être de même quant à Ferdinand de Bourbon-Siciles et Sixte de Bourbon-Parme qui ne justifient pas davantage d'un intérêt à intervenir". La République, toute honte bue d'avoir eu à intervenir dans un tel conflit a conclu sur son incapacité à arbitrer "la rivalité dynastique que sous-tend en réalité cette querelle héraldique comme l'ensemble de la procédure".

Argent : Les nobles sont-ils riches ? Voila un beau cliché qui mérite d'être pourfendu ! De tous temps, il y a eu des nobles riches (voire immensément riches) et des nobles pauvres (voire très pauvres). Les rois de France du moyen âge octroyaient déjà des bourses aux nobles nécessiteux. Madame de Maintenon, petite-fille du poète Agrippa d'Aubigné, bien que de la petite noblesse du Poitou était née sur la paille d'un cachot et a vécu dans le dénuement le plus complet durant toute son enfance. Devenue la maîtresse de Louis XIV (puis son épouse secrète), elle n'eut de cesse de créer une institution (la Maison de Saint-Cyr) pour permettre aux jeunes filles pauvres de la noblesse de recevoir une éducation digne. Et aujourd'hui, l'ANF (lire plus haut) poursuit cette aide "sociale" en redistribuant l'argent (les cotisations) des nobles riches pour le donner aux pauvres... Car des nobles riches, il en existe. Sans parler des familles princières comme les Orléans - le comte de Paris était considéré dans les années 50 comme une des premières fortunes de France - , certaines familles nobles ont su constituer ou reconstituer des patrimoines très confortables. Exemple célèbre, le couturier Hubert de Givenchy qui a rendu son éclat originel à une famille plutôt désargentée.

Armée : C'était une tradition bien ancrée dans les familles nobles : l'aîné héritait du titre et des terres, le second entrait dans l'armée, le troisième dans les ordres... Cliché ! Si le port du titre intéresse encore les jeunes générations de nobles, les terres ont souvent disparu. Quant aux ordres et à l'armée...